Cette réflexion, j'ignore pourquoi je l’écris, je n’ai que des justifications. Je l’écris pour moi et pour toi. Il serait folie que je n’écrive que pour moi et cela serait pure négligence si je n’écrivais que pour les autres. Cette réflexion voit la comme un soupir. Je me suis dis que de partager ce soupir serait un bon moyen de commencer ce blog.
Plusieurs diraient que je suis frappé d’une crise du mal de vivre. Certains appelleraient même cela une surdose de nihilisme. Mais je ne méprise pas la vie, bien au contraire. Je ne tenterais pas de l’analyser ou encore de philosopher avec les autres pour changer leurs perceptions du monde extérieur si j’étais un pur et dur nihiliste. Je n’arrive toujours pas à trouver un sens à la vie et cela me réconforte de plus en plus. Le soupir dont je te ferai part n’est fondé que sur une interprétation de ce que j’ai vu. Je crois cependant que les leçons que j’en tire sont importantes.
L’autre jour, alors que j’étais à la bibliothèque nationale, je vis un vieil homme assis à ma droite cesser de lire son livre pour fixer quelque chose à sa droite. Curieux de nature, je me demandais ce que ce vieil homme devait bien fixer. Il n’y avait rien. Pas de fenêtre, pas de femme, pas de livres. Il n’y avait qu’un mur noir. À plusieurs reprises, je me surpris en train d’observer l’homme qui ne semblait pas souvent détourner son regard du mur noir. Je tomberais dans la spéculation si j’essayais de connaître les raisons pour lesquelles il fixait ce mur, alors il serait impertinent d’y accorder une seule seconde. Par contre, je me permets ceci. Comme Socrate qui essayait de faire accoucher les âmes, j’ai essayé de faire accoucher une pensée qui pourrait m’aider à mieux vivre ma vie. J’étais justifié de croire que je pouvais tirer une leçon de l’homme qui fixe le mur noir devant lui.
Je crois que la première chose à faire serait de se demander ce que mur noir signifie. Après mûre réflexion, je me rendis compte que le mur est d’une simplicité troublante et que je ne peux lui donner un certain symbolisme autre son utilisation. Les souvenirs de mur noir dont j’ai été témoin, directement ou indirectement, sont venu visiter ma conscience, et ce, tranquillement. Voici ce que j'ai constaté.
Certaines personnes fixent le mur pour ne rien voir d’autre. Le monde que le mur cache leur semble plus effrayant que le mur lui-même. Je revois mon père qui me conseille de ne jamais faire confiance à personne. Je le revois me faire part, à quel point il n’est pas heureux dans son mariage et qu’il doute qu’il y a quelqu’un de saint d’esprit dans ce monde. Il multiplie les grossières inductions logiques qui sont la cause de tous ses préjugés. Il n’a jamais cru en rien ni personne autre que lui et en contrepartie n’en inspirait ni une ni l’autre. Il scrute le mur noir pour avoir la paix et ce jusqu'à ce qu'il meurt.
D’autres personnes à force de fixer le mur noir, ont complètement oublié leur existence. Ils sont tellement habitués d’y porter leur regard qu’ils sont devenus ce mur noir. Ils n’ont plus de pensée pour eux même et ne pense qu’aux autres êtres humains qui les fixent en tant que mur. Ils disent vivre pour les autres. Ils s’honorent ainsi, comme s’ils étaient un morceau de casse-tête, ou encore même le mur d’une maison. Mais les murs d’une maison peuvent être détruits ou encore déplacé par les personnes qui y habitent, et pour cette même raison les personnes qui ne sont que mur n’ont aucune existence qui leur est honorable. Ils sont pris entre les surfaces du mur, le corps entouré d’isolant, les protégeant de leurs peurs et surtout d’eux-mêmes. Les pensées qu’ils ont si souvent niées les accompagnent en tant que poussières. Le temps s’écroule et les pensés s’accumulent, l’asphyxions débute. Il y a de quoi de troublant à manquer d’air de cette façon. Comme si nier n’était pas assez, ils veulent ensuite oublier qu’ils sont pris aux pièges dans le mur noir, et qu’ils agonisent. C’est troublant, et très fâchant lorsque l’on en est témoin. Oublier comment respirer ne me semble pas une solution pour oublier que l’on est en train de s’étouffer.
Malgré le risque de se cacher devant un mur noir ou encore d’en devenir un, je crois que l’on ne doit pas les éviter. Les démolirent serait aussi une erreur. Leur présence permet de nous définir et de nous rappeler ce qui peut nous arriver lorsque l’on ne tente pas de voir au-delà de ce que l’on voit. Je ne sais pas pourquoi le vieil homme fixait le mur noir, encore moins de savoir s’il y cherchait quelque chose. Je suis justifié de croire que la prochaine fois que je verrai un mur noir je tenterai d’y voir toutes les couleurs qui s’y cachent, après tout, le noir est composé de toutes les couleurs. Plus important, tant et aussi longtemps que je pousse des soupirs comme celui-ci, je suis justifié de croire que je ne suis pas un mur noir.
Mes poumons sont maintenant vidés de l’air du soupir. Je recommence à respirer normalement et je retourne contempler le monde extérieur pour y trouver d’autres leçons. Leçons et soupirs que j’attends avec impatience de partager, spécialement avec mon compagnon éthylique par excellence qui est en voyage quelque part. Et si un jour, où même en ce moment, tu te sens prisonnier du mur noir, rappelle-toi que respirer est un acte naturel et qu’aucune justice, ni aucun principe transcendantal, ni aucune fatalité ne nous y condamnent. C’est notre propre personne qui s’y condamne. Sur ce, je me tais.
1 commentaire:
Voilà que je découvre une belle plume cher ami! Je savais que tu écrivais, mais je suis heureusement surpris de la première chose que je lis de toi! J'aime peut-être même plus le style que l'idée. Ce qui est positif dans le sens où, je pense, le style est plus difficile à développer que l'idée. Sinon pourquoi serions-nous à l'université? Enfin! J'aime beaucoup l'introduction et la conclusion! C'est bien écrit et pertinent. Ça donne un côté vivant à l'écriture, au questionnement. Ça me plaît. Et l'idée aussi est intéressante. La figure du mur n'est pas nouvelle, mais lié à l'anecdote de ta journée, ça lui donne de la force. Je vais retourner soupirer en attendant ton prochain post! ;)
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